CA du 27/02: le président de PSL élu avec moins des 2/3 des voix des élu•es

La seconde réunion du conseil d’administration de l’université PSL s’est tenue le jeudi 27 février. Elle était essentiellement consacrée à l’élection du président.

Alain Fuchs a officiellement été élu avec 85 % suffrages. Dans le détail, il a obtenu moins des 2/3 des voix des élu•es.

C’était la première séance du conseil à laquelle assistaient les personnalités qualifiées élues le 6 février dernier (voir le compte-rendu ici).

Dans son ensemble, l’élection s’est déroulée en suivant la procédure inscrite dans le règlement intérieur de PSL. Un « Comité de recherche » a été formé et la publicité de cette élection a été faite sur le site de PSL dans les temps impartis. Force est toutefois de constater que les organisateurs et organisatrices de ce scrutin n’ont pas cherché à faire de cette élection un moment de structuration de la communauté PSL. L’appel à candidatures aurait tout à fait pu être diffusé à l’ensemble des personnel•les des établissement membres par exemple puisque les membres de ces établissements ne s’empressent évidemment pas d’aller sur le site de PSL pour découvrir les dernières actualités. Le « Comité de recherche » aurait pu être à l’origine de cette publicité. Mais ce comité n’a pas été très « pro-actif », pour reprendre l’expression de son président, Claude Catala, en réponse à nos interrogations sur le petit nombre de candidat•es et sur le profil de celui qui a été retenu. Et finalement, il est tout à fait étrange que la candidature de M. Fuchs – et le texte de 15 pages qui l’accompagnait sur lequel était inscrit « document strictement confidentiel » – n’aient pas été diffusée à l’ensemble de la communauté même si les électeurs et électrices se résumaient aux membres du CA. A minima, cette candidature aurait pu être diffusée a posteriori, en même temps que les résultats des élections. Cela n’a pas été fait. Voici quelques signes tangibles de la distance avec laquelle les décisions se prennent dans cette instance qui va progressivement régir une partie croissante de notre activité professionnelle, et cela grâce au soutien des président•es d’établissement membres. Technocratie vs démocratie professionnelle : cette opposition est bien en marche et ce n’est qu’un début.

Nous avons profité de ces élections pour interpeller les membres du « Comité de recherche » sur le profil retenu, celui-ci s’écartant largement de l’université telle que nous la concevons. Alain Fuchs est en effet un acteur important des transformations que subissent notre communauté, notamment en tant qu’ancien président du CNRS, ces liens avec la Curif, et son appui au projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche. À l’heure où ces sujets secouent notre communauté, « le comité de recherche » – et le directoire dont il est évidemment le porte-parole – n’a pas voulu élargir le champ de la recherche pour trouver une personne plus consensuelle.

Suite à ces premiers échanges entre élu•es et membres du directoire, Alain Fuchs a présenté en personne les raisons de sa candidature sur la base d’un texte programmatique – dont nous ne pouvons pas vous rendre compte puisqu’il est confidentiel ! – mis à disposition, en amont, de l’ensemble des membres du CA.

Denis Rousset, un élu du sous-collège 1 de la liste, est intervenu pour interroger l’impétrant sur la rémunération de la présidence et des vice-président•es. Un extrait de la profession de foi de la liste « Pour une université PSL fédératrice » rend compte de l’intervention en séance de sa tête de liste. « Le recrutement d’enseignants contractuels bénéficiant, comme le Président et les Vice-Présidents de PSL, de rémunérations fixées dans la « confidentialité » d’un « comité des rémunérations » limité à 3 personnes (selon le règlement intérieur provisoire, à modifier entre autres sur ce point), ouvre la possibilité d’un dévoiement des ressources budgétaires (…).» Comment ne pas s’interroger en effet et rappeler qu’il y a 20 ans, un•e président•e d’université assumait la tâche durant 4 ans et retournait ensuite à son métier d’Enseignante-Chercheurse.

Nous avons à notre tour interrogé Alain Fuchs sur sa candidature et l’avons interpellé sur son texte. Nous lui avons tout d’abord demandé ce qu’il appelait « fonctions support et de soutien » et ce qu’il pensait faire pour celles-ci. Sa réponse à Axelle Haddad a été pour le moins condescendante : il n’a pas compris que la question renvoyait surtout à son texte de candidature. Nous lui avons donc fait remarquer que les termes « administratifs », BIATSS, « conditions de travail », « précarité » n’apparaissaient pas dans son texte, que ce texte n’évoquait pas une seule fois l’ensemble de ces personnelles qui sont pourtant la force vive de la communauté PSL, et que celle-ci est en partie en souffrance, notamment à cause de la précarité. Nous avons aussi relevé que le mot collégialité n’apparaissait pas plus, à l’inverse du mot « gouvernance », et de l’ensemble du vocabulaire de la nouvelle gestion publique.

Les détails du vote : il y avait 36 votantes réparties comme suit : 14 du directoire, 14 élues et 8 personnalités qualifié•es. Il y a eu 5 votes contre, 3 abstentions et 28 voix pour.

Élection au Conseil d’administration de PSL

Après avoir fonctionné plusieurs années en tant que ComUe, PSL est désormais un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel expérimental qui rassemble onze établissements, travaille avec trois organismes de recherche, et compte environ 17 000 étudiant·es.

Le conseil d’administration de ce qui s’appelle donc maintenant l’université PSL est composé de 3 collèges. Le collège 1 est constitué de 14 représentant.e.s des établissements et du ou de la présidente. Le collège 2 est constitué de 15 élu.e.s des personnels. Le collège 3 est constitué 8 personnalités qualifiées.

Les élections des membres du collège 2 ont eu lieu les 22 et 23 janvier dernier. Grâce au soutien dont on ne pouvait imaginer l’ampleur, les listes « Démocratie et intérêt général au cœur de PSL » ont reporté 5 des 12 sièges destinés aux personnel.le.s de tout statut (3 sièges sont réservés aux représentant.e.s des étudiant.e.s). Nous sommes d’ailleurs les seul·e·s à avoir présenté des listes (partielles) dans les trois sous-collèges.

Voici l’ensemble des élu.e.s du collège 2 :

Sous-collège 1 : (rang A) – nombre de votants : 637 (dont 41 votes blancs).

  • Liste « Pour Réussir l’Université PSL » : 229 voix
    • Laurent BATSCH – Dauphine
    • Elisabeth MASSONI-CAUSSE – MINES ParisTech
  • Liste « Pour une université PSL fédératrice » : 186 voix
    • Denis ROUSSET – EPHE
    • Michela MALPANGOTTO – CNRS
  • Liste « Démocratie et intérêt général au cœur de PSL » : 135 voix
    • Cyril IMBERT – CNRS

Sous-collège 2 : (rang B) – Nombre de votants : 721 (dont 49 votes blancs).

  • Liste « Démocratie et intérêt général au cœur de PSL » : 262 voix
    • Samuel PINAUD – Dauphine
    • Frédérique FLECK – ENS
  •  Liste « Unis pour représenter la diversité de nos établissements » : 213 voix
    • Cécile FALCON – CNSAD
  • Liste « Ambitieuse et humaine » : 197 voix
    • Cédric DALMASSO – MINES ParisTech

Sous-collège 3 : (« autres personnels », sic) – nombre de votants : 1266 (dont 189 votes blancs).

  • Liste « Démocratie et intérêt général au cœur de PSL » : 540 voix
    • Maxime CHUPIN – CNRS
    • Axelle HADDAD – Collège de France
  • Liste « SNPTES » : 537 voix
    • Nathalie VIEIRA – Fondation PSL

Sous-collège 4 : (étudiant.es) – nombre de votants : 27 (grands électeurs)

  • Liste « Vers une identité PSL » : 12 voix
    • Germain L’HOSTIS – ESPCI Paris
      • Suppléant : Léopold MOENECLAEY – MINES ParisTech
    •  Marie-Clémentine QUILLERIET – MINES ParisTech
      •  Suppléante : Jeanne LEFEVERE – ENS
  • Liste « Ensemble pour l’excellence de PSL » : 6 voix
    • Arnaud JEGOU – Dauphine
      • Suppléant : Jean-Hubert GRASSET – ENS

Si la place des élu.e.s dans le CA de PSL reste minoritaire et dominé par le poids des représentant•e•s des établissements et leurs soutiens au sein des personnalités qualifiées (voir l’article dédié) on ne peut concevoir les résultats de cette élection autrement que comme une victoire. Cette dernière confirme que le positionnement que nous avons exprimé dans notre profession de foi à propos de cette instance, représentative des dérives néolibérales appliquées à l’enseignement supérieur, est partagé par un grand nombre d’électrices et d’électeurs. Nous espérions au moins un poste pour avoir accès aux informations et aux débats qui émanent et ont lieu au sein de cette instance qui peut apparaître lointaine à beaucoup. Il nous faut assurément revoir notre ambition à la hausse et chercher à peser de tout notre poids sur le destin de cet établissement et des établissements membres pour défendre un enseignement supérieur public et de qualité accessible à tou•te•s.

Il est tout à fait remarquable que la grande majorité des élu•e•s au CA sont critiques, à des degrés différents, du modèle PSL. Ainsi, même si le CA est structurellement désavantageux aux élu·e·s, il est fort probable que nous puissions travailler ensemble comme l’illustre l’élection des personnalités qualifiées (voir l’article dédié).

Ce travail ne se fera pas sans vous !

Nous nous efforcerons, comme nous l’avons indiqué dans notre profession de foi, d’être le plus représentatif possible des agent·e·s et salarié·e·s de PSL et de ses établissements. Pour cela, aussi régulièrement que possible, nous organiserons des réunions publiques pour informer des activités et des décisions du CA, de nos combats en son sein, et nous l’espérons de nos victoires, et ainsi vous informer et vous faire participer à la défense d’un service public de l’ESR de qualité. Ces réunions seront aussi l’occasion pour vous de nous faire remonter vos problèmes, vos avis, et vos revendications. En dehors de ces réunions, il ne faut surtout pas hésiter à nous contacter directement à cette adresse mail : contact@democratie-au-coeur-de-psl.fr.