Conseil d’administration du 30 juin 2022

Encore une fois, nous avons participé à un CA poussif, mais nous rendons compte tout de même ici des quelques points qui le méritent.

Points relatifs à la gouvernance

Nous devions désigner les vice-président·es Recherche et Relations internationales.

Vice-présidence Relations internationales

La « candidate » (unique sur proposition du directoire, donc en réalité, les jeux été faits) pour la vice-présidence Relations internationales, Jennifer HEURLEY s’est présentée, et s’en est suivi un simulacre de « questions/discussions ». Elle quitte donc la direction des affaires internationales de l’institut Pasteur pour venir à PSL. N’ayant rien, a priori, contre la personne derrière le poste, nous nous sommes abstenu·e·s puisqu’elle est amené·e à mettre en place une politique en accord avec le directoire, politique de l’ESR que nous combattons.

Vice-présidence Recherche

Arnaud TOURIN, directeur de l’institut Langevin à l’ESPCI était l’unique « candidat » au poste de vice-président Recherche de PSL. Sa présentation nous a montré qu’il incarne parfaitement ce que nous combattons comme politique de recherche. Sa présentation illustrait parfaitement ce point en ne parlant pas à proprement parler de recherche, mais d’innovation à tout va, de valorisation, de start up (parlant même de créer un incubateur à l’échelle de PSL). Sa position sur la Science ouverte pose également problème. Lors d’une réponse à un·e élu·e, il a exposé sa position à ce propos en affirmant que c’était une belle chose sur le principe MAIS que dès qu’on réfléchissait à sa mise en pratique alors cela posait de gros problèmes de gestion de la propriété intellectuelle et d’interprétation des données brutes mises ainsi à disposition. Il a même insisté sur les soucis écologiques que cela posait (en raison de l’empreinte environnementale du stockage) alors même que ces données sont généralement déjà sur un cloud !! Il a été conforté dans ces doutes par Alain FUCHS. Les principes fondamentaux d’accessibilité et de reproductibilité des résultats scientifiques n’ont qu’à bien se tenir !

Pour toutes ces raisons, nous avons voté contre cette nomination.

Lettre d’orientation budgétaire et débat d’orientation budgétaire (LOB DOB)

Nous n’en ferons pas ici un compte rendu précis. Il n’y a évidemment pas de changement profond dans l’orientation budgétaire par rapport à sa précédente version (http://democratie-au-coeur-de-psl.fr/?p=243), ce budget illustrant la mise en pratique d’un projet que nous combattons. Nous avons donc voté contre.

Formation et recherche

Ce CA était en grande partie dédié au vote annuel de l’offre de formation et de divers points relatifs aux diplômes, notamment certains frais d’inscription. Nous avons déjà rendu compte de nos positions sur l’offre de formation dans de précédents billets de blog (par exemple ici). Nous nous sommes abstenu·es sur l’offre de formation, celle-ci mêlant diplômes nationaux et diplômes d’établissement contre l’existence desquels nous nous bâtons. Nous avons également voté contre les frais d’inscription de diplômes d’établissement (CPES, Licence Science pour un monde durable, Certificat de transformation numérique notamment) puisque ces derniers ne font qu’effriter les normes nationales relatives aux diplômes (notamment en termes de frais de scolarité).

Questions diverses

Nous avons eu une présentation des activités du sénat académique de PSL (cette présentation est prévue dans les statuts) par son président. Nous savions que cette instance était avant tout là pour faire croire à un peu de démocratie à PSL, et les conséquences pratiques peu nombreuses des travaux du Sénat (dont le président a bien précisé qu’ils s’inscrivaient dans le temps long) nous ont bien conforté dans cette idée.

Suite aux discussions qui ont eu lieu au CA précédent (http://democratie-au-coeur-de-psl.fr/?p=1221), une autre question diverse avait pour sujet les « contours du groupe de travail logement ». Cependant, nous n’avons pas bien compris ce qui en découlait en pratique…

Anecdote

Dans la discussion sur la LOB nous avons eu le droit à une prise de parole d’humeur de la part d’Alain FUCHS concernant l’École Polytechnique et Sciences Po. Pour notre Président, ces établissements auraient un peu la « grosse tête » (notre expression). En effet elles se prendraient pour le MIT (Massachusetts Institute of Technology) et la LSE (London School of Economics), alors qu’elles n’ont pas de prix Nobel à la différence de PSL ! Et oui, c’est nous qu’on est les meilleurs ! Le ton sur lequel a été effectué cette comparaison assez péremptoire incarne bien les effets de la compétition délétère entre établissements que viennent raviver les classements et leurs indicateurs (voir par exemple https://rogueesr.fr/category/billets/#shanghai). Rappelons sans cesse aux dirigeant·es de nos établissements que la formation et la recherche sont faites par de nombreuses petites mains, avec des conditions de travail qui se dégradent, avec toujours plus de précarité à tous les étages. Les guerres de paroisse sont contre productives et desservent la production d’une recherche et d’une formation de qualité qui s’enrichissent de collaborations nombreuses, sans barrière nationale ou d’établissement.

Le pouvoir aux soviets ?

Un sérieux incident a perturbé la séance du CA du 16 décembre 2021 (dont un compte rendu plus détaillé va être publié sur ce blog). Suite à la promulgation de la LPR, était discutée la création des Chaires PSL (Tenure Tracks).

Nous, élu·es de la liste « Démocratie et intérêt général au cœur de PSL », sommes donc intervenu·es pour donner notre position sur ce dispositif, rappeler la forte mobilisation de la communauté contre la LPR, et donner quelques éléments pour étayer notre opposition à l’utilisation de tels contrats qui remettent en cause la régulation statutaire des carrières dans l’enseignement supérieur (imbrication forte des statuts de maître de conférences et de professeur).

Lors de cet échange, le directeur général des services de PSL, Cédric Prunier, a écrit un message pour le moins étrange sur le chat de la visioconférence :

Les messages ci-dessus, postés par Cédric Prunier, ont immédiatement été supprimés. Nous en avons déduit qu’il a sans doute voulu écrire en privé pour donner des arguments, ou peut-être devrait-on dire des éléments de langage, à un·e autre membre du directoire.

Il est très probable que par son « attaque » contre le soviet, il visait très directement les élu·es de nos listes (un·e autre membre du CA a lui aussi émit ses doutes quant aux dispositifs de la LPR, il est possible qu’il/elle ait été aussi visé·e).

Évidemment, nous subodorions bien que Cédric Prunier n’avait pas beaucoup d’estime pour nos positions et le travail que nous fournissons pour les défendre, mais sa mauvaise maîtrise des outils informatiques a révélé un mépris plus profond.

Malgré les demandes d’explication de plusieurs personnes, notamment d’un·e élu·e d’une autre liste, celui-ci ne s’est pas expliqué devant le CA. Seul Alain Fuchs a botté en touche et prétexté une blague, justification caractéristique de l’humour oppressif.

Sur le fond, notre opposition à Cédric Prunier n’est pas nouvelle : on peut à tout le moins dire qu’il ne partage pas notre vision d’un enseignement supérieur et de la recherche publics, ouvert au plus grand nombre et notamment aux classes populaires, basé sur la collaboration (et non la compétition) et la régulation autonome des carrières des enseignant·es-chercheur·ses. Mais nous comprenons que cette vision de l’enseignement supérieur et de la recherche choque certain·es acteur·rices de la mise en œuvre de la verticalité du pouvoir qui caractérise la relation de PSL à la communauté.